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Qu'ont-ils écrit sur les comètes ?
Les comètes dans la littérature


  • Le Petit Robert
  • François Rabelais
  • Maupertuis
  • Voltaire
  • Laplace
  • François Arago
  • Edgar Poe
  • Auguste Blanqui
  • Victor Hugo
  • Erckmann-Chatrian
  • Jules Verne
  • Camille Flammarion


  • Le Petit Robert (édition 1977)
    COMÈTE. Astre présentant un noyau brillant (tête) et une traînée gazeuse (chevelure et queue), qui décrit une orbite parabolique.
    (Combien d'erreurs et d'inexactitudes concentrées dans cette courte définition ?)


  • François Rabelais (1494-1553) in Pantagrueline prognostication (1532).
    (Rabelais présente un pastiche des prédictions astrologiques.)
    Cette année les aveugles ne verront que bien peu, les sourdz oyront assez mal, les muetz ne parleront guieres, les riches se porteront un peu mieulx que les pauvres et les sains mieulx que les malades. .../... Et attendu le comete de l'an passé et la retrogradation de Saturne, mourra à l'hospital un grand marault tout catharré et croustelevé, à la mort du quel sera sedition horrible entre les chatz et les rats, entre les chiens et les lievres, entre les faulcons et canars, entre les moines et les oeufz.

  • Pierre Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759) in Lettre sur la comète (1742).
    Ces astres, après avoir été si longtemps la terreur du monde, sont tombés tout à coup dans un tel discrédit, qu'on ne les croit plus capables de causer que des rhumes.

    Maupertuis voulait alors stigmatiser l'image de la comète annonciatrice de malheurs, à une époque où la nature réelle de ces astres commençait à se faire jour. Mais cette citation prend de nos jours un aspect nouveau avec les spéculations de Fred Hoyle (1915-2001), avocat de la théorie de la panspermie, qui pensait que les comètes véhiculaient de nouveaux virus sur Terre, et les a rendues responsables des épidémies de grippe, du sida et de la maladie de la vache folle.


  • Voltaire (1694-1778) in Lettre sur la prétendue comète (17 mai 1773).

    Quelques Parisiens, qui ne sont pas philosophes, et qui, si on les en croit, n'auront pas le temps de le devenir, m'ont mandé que la fin du monde approchait, et que ce serait infailliblement pour le 20 du mois de mai où nous sommes.

    Ils attendent ce jour-là une comète qui doit prendre notre petit globe à revers, et le réduire en poudre impalpable, selon une certaine prédiction de l'Académie des sciences qui n'a point été faite.

    Rien n'est plus probable que cet événement ; car Jacques Bernouilli, dans son " traité de la comète ", prédit expressément que la fameuse comète de 1680 reviendrait avec un terrible fracas, le 17 mai 1719 ; il nous assura qu'à la vérité, sa perruque ne signifierait rien de mauvais, mais que sa queue serait un signe infaillible de la colère du ciel. Si Jacques Bernouilli se trompa, ce ne peut être que de cinquante-quatre ans et trois jours.

    Or, une erreur aussi peu considérable étant regardée comme nulle dans l'immensité des siècles, par tous les géomètres, il est clair que rien n'est plus raisonnable que d'espérer la fin du monde pour le 20 du mois de mai 1773, ou dans quelque autre année. Si la chose n'arrive pas, ce qui est différé n'est pas perdu.

    Vous pourrez lire la suite dans votre bibliothèque préférée. Avec son ironie habituelle, Voltaire fait allusion à la rumeur qui circulait au printemps 1773. Lalande présentait alors à l'Académie des sciences ses " Réflexions sur les comètes qui peuvent approcher de la terre ". De nos jours, la situation n'a guère changé, comme le montre l'extrême médiatisation du risque pourtant infime des collisions d'astéroïdes avec la Terre.


  • Pierre Simon de Laplace (1749-1827) in Exposition du Système du Monde (1796 - ici 2ème édition de 1798, disponible à Gallica).

    En rattachant la formation des comètes à celle des nébuleuses, on peut les regarder comme de petites nébuleuses errantes de systèmes en systèmes solaires, et formées par la condensation de la matière nébulaire répandue avec tant de profusion dans l'univers. Les comètes seraient ainsi, par rapport à notre système, ce que les aérolithes sont relativement à la Terre, à laquelle ils paraissent étrangers. (Livre V, Chap. VI, p. 483.)

    Dans notre hypothèse, les comètes sont étrangères au système planétaire. En les considérant, ainsi que nous l'avons fait, comme de petites nébuleuses, errantes de systèmes en systèmes solaires, et formées par la condensation de la matière nébulaire répandue avec tant de profusion dans l'univers, on voit que, lorsquÎelles parviennent dans la partie de l'espace où l'attraction du Soleil est prédominante, il les force à décrire des orbes elliptiques ou hyperboliques. Mais leurs vitesses étant également possibles suivant toutes les directions, elles doivent se mouvoir indifféremment dans tous les sens et sous toutes les inclinaisons à l'écliptique, ce qui est conforme à ce que l'on observe. Ainsi la condensation de la matière nébuleuse, par laquelle nous venons d'expliquer les mouvements de rotation et de révolution des planètes et des satellites dans le même sens et sur des plans peu différents, expliquent également pourquoi les mouvements des comètes s'écartent de cette loi générale. (Note VII, p. 504.)

    Dans son " Exposition du Sytème du Monde ", Laplace décrit sa conception de la formation du Système solaire. La contraction, puis la condensation d'une nébuleuse primitive en rotation explique la formation de planètes et de satellites qui tournent tous dans le même sens, grosso modo dans le même plan. Les théories modernes reprennent le même concept. Cependant, la théorie de Laplace n'explique pas directement l'existence de comètes dont les orbites sont excentriques dans des plans d'inclinaisons arbitraires. Laplace a donc supposé aux comètes des origines extérieures au Système solaire. Nous pensons actuellement que les comètes se sont bien formées comme les planètes, et dans le même plan qu'elles. Cependant, des interactions gravitationnelles avec les planètes géantes les ont ultérieurement rejetées sur des orbites excentrées et inclinées.


  • François Arago (1786-1853) in Astronomie Populaire Vol. II (1855).

    À propos des désignations traditionnelles des comètes 2P/Encke et 3D/Biela.
    Pourquoi donc donner à la comète de six ans trois quarts le nom de Biela, qui n'a fait que la découvrir, lorsqu'on n'a pas donné le nom de Pons au découvreur de la comète de trois ans trois dixièmes ? .../... Tant que la comète à courte période portera le nom de M. Encke, et pour ma part je trouve cette désignation très-convenable, la comète de six ans trois quarts devra donc porter le nom de Gambart et non celui de Biela.
    (Arago était très pointilleux sur les questions d'antériorité des découvertes scientifiques.)

    Pour en savoir plus sur Arago : Arago et l'Observatoire de Paris (exposition virtuelle de l'Observatoire de Paris).


  • Edgar Allan Poe (1809-1849).

    Comme Jules Verne, Edgar Poe a introduit la science dans ses récits d'imagination. Grand admirateur d'Edgar Poe, Jules Verne a publié en 1864 l'étude Edgard Poe et ses oeuvres dans le Musée des Familles ; son roman Le Sphinx des Glaces (1897) est la suite des Aventures d'Arthur Gordon Pym de Nantucket de Poe.

    Dans Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall (The Unparalleled Adventure of One Hans Pfaall, 1835 - traduction Baudelaire 1855), Hans Pfaall a décidé de rejoindre la Lune en ballon. Pour que cela soit possible, Edgar Poe suppose l'existence d'une atmosphère interplanétaire. Et il appuie cette hypothèse sur la constatation du ralentissement de la comète d'Encke.

    Comparons les intervalles entre les retours successifs de la comète d'Encke à son périhélie, en tenant compte de toutes les perturbations dues à l'attraction planétaire, et nous verrons que les périodes diminuent graduellement, c'est-à-dire que le grand axe de l'ellipse de la comète va toujours se raccourcissant dans une proportion lente, mais toujours régulière. Or, c'est précisément le cas qui doit avoir lieu si nous supposons que la comète subisse une résistance d'un milieu éthéré excessivement rare qui pénètre les régions de son orbite. Car il est évident qu'un pareil milieu doit, en retardant la vitesse de la comète, accroître sa force centripète et affaiblir sa force centrifuge. En d'autres termes, l'attraction du soleil deviendrait de plus en plus puissante, et la comète s'en rapprocherait davantage à chaque révolution. Véritablement, il n'y a pas d'autre moyen de se rendre compte de la variation en question.

    La comète 2P/Encke fut découverte par Pons à Marseille en 1818. C'est Encke à Berlin qui, en 1819, a établi les différents passages de cette comète à partir d'observations s'étalant de 1786 à 1819. Cette comète a la période orbitale la plus courte, seulement 3,3 ans. Les calculs d'Encke ont établi que cette période se raccourcissait de 2,5 heures à chaque passage. Les lois de la gravitation ne pouvant rendre compte de cet effet, il faut imaginer des forces non gravitationnelles. L'explication retenue actuellement est celle proposée par Fred Whipple en 1950 : il s'agit d'un effet fusée dû au dégazage non isotrope du noyau de la comète.

    La Conversation d'Eiros avec Charmion (The Conversation of Eiros and Charmion, 1839 - traduction Baudelaire 1854) est un conte-catastrophe qui décrit une fois de plus la rencontre d'une comète avec la Terre et ce qu'il en suit. Selon les prophéties bibliques, la Terre doit être détruite par le feu. Or, il est notoire que les comètes sont des astres froids. Comment pourraient-elles alors détruire la Terre dans les règles de l'art ? Edgar Poe s'en tire par une pirouette astucieuse. La rencontre avec la comète va retirer l'azote de l'atmosphère terrestre (comment ? Poe est muet sur ce point) et c'est l'oxygène restant qui va nous brûler. On trouve ici le thème de l'atmosphère cométaire empoisonneuse, qui reviendra dans la Fin du Monde de Flammarion et dans les peurs associées au retour de la comète de Halley en 1910.

    Les éléments de l'astre étranger furent immédiatement calculés, et les observateurs reconnurent d'un même accord que sa route, à son périhélie, devait l'amener à une proximité presque immédiate de la terre. Il se trouva deux ou trois astronomes, d'un réputation secondaire, qui soutinrent résolument qu'un contact était inévitable. .../... Finalement, tous les hommes virent que la science astronomique ne mentait pas, et ils attendirent la comète.

    .../...

    La destruction finale de la terre devait s'opérer par le feu, c'est ce qu'ils [les théologiens] avancèrent avec une verve qui imposait partout la conviction ; mais les comètes n'étaient pas d'une nature ignée, et c'était là une vérité que tous les hommes possédaient maintenant, et qui les délivrait, jusqu'à un certain point, de l'appréhension de la grande catastrophe prédite.

    Peut-être l'idée de ce conte est-elle venue à Poe à l'occasion des passages de la comète de Biela (3D/Biela, qu'Arago voulait appeler la comète de Gambart ; voir plus haut). À son retour de 1832 , le choc de cette comète avec la Terre avait été évoqué, et Arago (voir son Astronomie Populaire t. 2 p. 294) a dû consacrer beaucoup d'efforts pour dissiper les craintes du public. A un mois près, la comète serait passée à 4 rayons terrestres de notre planète. Le même événement manqué se reproduira en 1862 avec la comète 109P/Swift-Tuttle, ce qui fournira à Jules Verne l'idée de son Hector Servadac ; l'histoire n'est qu'un éternel recommencement.


  • Auguste Blanqui (1805-1881) in L'Éternité par les Astres (1872).
    Avec ses dilatations à outrance du périhélie, et ses contractions glacées de l'aphélie, cet astre follet représente certain géant des mille et une nuits, mis en bouteille par Salomon, et l'occasion offerte, s'épandant peu à peu hors de sa prison en immense nuage, pour prendre figure humaine, puis revaporisé et reprenant le chemin du goulot, pour disparaître au fond de son bocal. Une comète, c'est une once de brouillard, remplissant d'abord un milliard de lieues cubes, puis une carafe.

    .../...

    Tout le monde aujourd'hui en est arrivé à un profond mépris des comètes, ces misérables jouets des planètes supérieures qui les bousculent, les tiraillent en cent façons, les gonflent aux feux solaires, et finissent par les jeter dehors en lambaux. Déchéance complète ! Quel humble respect jadis quand on saluait en elles des messagères de mort ! Que de huées et de sifflets depuis qu'on les sait inoffensives. On reconnaît bien là les hommes.
    (Durant ses longs séjours en prison, Blanqui s'était aussi intéressé à l'astronomie.)


  • Victor Hugo (1802-1885).

    Les comètes sont-elles séditieuses ? On peut lire ces lignes dans Napoléon le Petit (1852, livre 7 Chap. III) :
    L'astronomie libre est presque aussi dangereuse que la presse libre.

    .../...

    Il faut que le bureau des longitudes jure de ne pas conspirer avec les astres, et surtout avec ces folles faiseuses de coups d'État célestes qu'on appelle les comètes.
    Napoléon le Petit est un vigoureux pamphlet écrit par Victor Hugo à la suite du coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte. Dans ce passage, il rend hommage à François Arago qui a refusé de prêter serment au dictateur. (Lire l'intégralité du passage ici.)

    Hugo a également écrit dans La Légende des Siècles un long poème intitulé La Comète. Il y décrit les affres d'Edmond Halley prédisant le retour de sa comète face à l'incompréhension de ses contemporains.
    Il avait dit : « Tel jour cet astre reviendra. »
    Quelle huée ! .../...
    .../...
    Et l'on disait : « C'est lui ! » Chacun voulant punir
    L'homme qui voit de loin une étoile venir.
    C'est lui ! le fou ! .../...
    .../...
    Et soudain, comme un spectre entre en une maison,
    Apparut, par-dessus le farouche horizon,
    Une flamme emplissant des millions de lieues,
    Monstrueuse lueur des immensités bleues,
    Splendide au fond du ciel brusquement éclaici ;
    Et l'astre effrayant dit aux hommes : « Me voici ! »
    2002 était le bicentenaire de la naissance de Victor Hugo, et à cette occasion, le Bureau des longitudes a préparé un article sur Victor Hugo Astronome.


  • Erckmann-Chatrian [Emile Erckmann (1822-1899) et Alexandre Chatrian (1826-1890)].
    L'année dernière, avant les fêtes du carnaval, le bruit courut à Hunebourg que le monde allait finir. C'est le docteur Zacharia Piper, de Colmar, qui répandit d'abord cette nouvelle désagréable ; elle se lisait dans le Messager boiteux, dans le Parfait chrétien et dans cinquante autres almanachs.

    Zacharias Piper avait calculé qu'une comète descendrait du ciel le mardi-gras, qu'elle aurait une queue de trente-cinq millions de lieues, formée d'eau bouillante, laquelle passerait sur la terre, de sorte que les neiges des plus hautes montagnes en seraient fondues, les arbres desséchés et les gens consumés.

    Il est vrai qu'un honnête savant de Paris, nommé Popinot, écrivait plus tard que la comète arriverait sans doute, mais que sa queue serait composée de vapeurs tellement légères, que personne n'en éprouverait le moindre inconvénient ; que chacun devrait s'occuper tranquillement de ses affaires ; qu'il répondait de tout.
    (In La Comète, 1865). Ce conte décrit la frayeur engendrée par le passage annoncé d'une comète sur la population d'un village d'Alsace (l'action se passe à Hunebourg, le pays de l'Ami Fritz). On remarquera l'annonce judicieuse de la présence de vapeur d'eau dans la comète, bien avant que la nature chimique de ces corps ne soit connue.


  • Jules Verne (1828-1905).
    La comète est le Deus ex machina ; toutes les fois qu’on est embarrassé en cosmographie, on appelle une comète à son secours. C’est l’astre le plus complaisant que je connaisse, et, au moindre signe d’un savant, il se dérange pour tout arranger !
    (In Voyages et Aventures du Capitaine Hatteras (1866), Chap. XXIV - Cours de cosmographie polaire). Jules Verne faisait là allusion à la collision d'une comète avec la Terre qui aurait déplacé l'axe des pôles de la planète, hypothèse autrefois invoquée pour expliquer la présence dans des régions septentrionales de fossiles appartenant à la faune tropicale. Visionnaire, il n'imaginait pas que la même hypothèse resurgirait plus tard pour expliquer : l'origine des océans terrestres ; l'ensemencement de la Terre en molécules organiques complexes favorisant l'apparition de la vie ; la disparition des dinosaures. Sans oublier que les comètes sont toujours introduites de nos jours le plus sérieusement du monde par certains astrophysiciens pour interpréter certains phénomènes : raies spectrales mal comprises, variabilités inexpliquées, masers inattendus…

    Hector Servadac, Voyages et Aventures à travers le monde solaire (1877) est l'un des plus fous des Voyages extraordinaires de Jules Verne. Ce roman se passe... sur une comète. Une relecture de ce roman s'impose dans le contexte actuel. On y apprend en effet que l'astronome Palmyrin Rosette, bien avant que l'Agence spatiale européenne n'envoie sa sonde cométaire Rosetta, a effectué la première exploration " in situ " d'un noyau cométaire.

    Pour en savoir plus : "Hector Servadac" et les comètes de Jules Verne.

    Voir également : L'Astronomie de Jules Verne.


  • Camille Flammarion (1842-1925).
    [Parlant des comètes] Leur importance serait bien supérieure encore si elles portaient en elles les premières combinaisons du carbone, car il est probable que c'est par ces combinaisons que la vie végétale et animale a commencé sur la Terre et sur les autres planètes, et ainsi ces astres vagabonds pourraient être les semeurs de la vie sur tous les mondes !
    (In Astronomie populaire, 1880, p. 648. Cette citation prémonitoire est tout à fait dans l'esprit de nos conceptions modernes sur l'origine de la vie.)

    Les astronomes classiques ont beau s'en excuser, ils font preuve d'une assez forte dose d'imagination lorsqu'ils admettent sans sourciller qu'il y ait là une colonne de vapeur réelle, au lieu d'y voir une simple illumination de l'éther, illumination d'un ordre spécial et d'une nature inconnue.

    (In La Grande comète de 1881, 1881(2), La Nature, p. 227.) En commentant les observations de la Grande comète C/1881 K1, Flammarion fait part de ses doutes sur la matérialité des queues cométaires. Pour lui, ces queues étaient une " ombre négative " portée sur l'éther.
    Les observations spectroscopiques établissent que la comète est une masse assez dense, composée de plusieurs gaz, dans lesquels domine l'oxyde de carbone.
    (In La fin du Monde, 1894, p. 16.) Dans ce roman d'anticipation, Flammarion décrit la chute d'une comète sur la Terre, censée se passer au XXIVe siècle. Le monoxyde de carbone a en effet été identifié en grandes quantités, pour la première fois dans la comète West en 1976 !
    Nous avons dit, je crois, que l'Observatoire de Paris, toujours à la tête du mouvement scientifique par les travaux de ses membres, était devenu surtout, par la transformation des méthodes d'observation, un sanctuaire d'études théoriques, d'une part, et, d'autre part, un bureau central téléphonique des observatoires établis loin des grandes villes, sur les hauteurs favorisées d'une parfaite transparence atmosphérique. C'était un asile de paix où régnait la concorde la plus pure. Les astronomes consacraient avec désintéressement leur vie entière aux seuls progrès de la science, s'aimaient les uns les autres sans jamais éprouver les aiguillons de l'envie, et chacun oubliait ses propres mérites pour ne songer qu'a mettre en évidence ceux de ses collègues. Le Directeur donnait l'exemple, et, lorsqu'il parlait, c'était au nom de tous.
    (In La fin du Monde, 1894, p. 18.) Cette citation a peu de chose à voir avec les comètes, mais elle est irrésistible. Dans la première partie, Flammarion visionnaire décrit l'Observatoire tel qu'il est devenu actuellement. Dans la deuxième partie, empreinte d'une ironie digne de Voltaire, Flammarion s'est sûrement souvenu de ses années de jeunesse passées à l'Observatoire de Paris sous la direction de Le Verrier.

    Pour en savoir plus sur Flammarion : L'Observatoire de C. Flammarion (exposition virtuelle du Ministère de la culture).

  • Les œuvres d'Arago, Blanqui et Flammarion d'où sont tirées les citations ci-dessus (et bien d'autres) sont disponibles sous forme numérisée sur gallica.

    Décembre 2014.

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