lundi 25 janvier 2010, par Athéna Coustenis
La mission TSSM propose un retour dans le système de Saturne pour Ă©tudier en particulier les satellites Titan et Encelade. Titan sera explorĂ© par trois Ă©lĂ©ments : un orbiteur et deux Ă©lĂ©ments in situ : un ballon qui fera le tour de l’Ă©quateur et une sonde qui se posera sur un lac.
La mission TSSM (Titan & Saturn System Mission) étudiera Titan grâce à un orbiteur et des analyses in situ, mais aussi explorera Encelade et la magnétosphère de Saturne. TSSM explorera Titan en tant que système, en couplant les études sur la haute atmosphère, les interactions avec la magnétosphère, l’atmosphère neutre, la surface, l’intérieur, ainsi que son potentiel astrobiologique.
La conception de TSSM repose sur l’héritage Cassini-Huygens, mais va bien au-delà de cette mission pionnière dans l’étude de Titan et d’Encelade. TSSM permettra d’obtenir une couverture globale et à haute résolution de la surface de Titan, ainsi qu’une importante couverture in situ, et de nombreux survols de la lune Encelade.
Ses objectifs principaux sont :
Le concept de la mission est basé sur un orbiteur de 1600 kg (NASA) qui inclut des éléments de surface (ESA) : une sonde de 180 kg, et une montgolfière de 600 kg. La mission serait lancée par une fusée Atlas 551 dans le créneau 2023-2025 et atteindra Saturne environ 8,5 ans plus tard dans l’étude actuelle. Le vaisseau resterait en orbite autour de Saturne durant environ deux ans avant son insertion autour de Titan. C’est durant cette phase que seront réalisées les études de la magnétosphère de Saturne et d’Encelade. Quelques mois avant le premier survol de Titan, l’orbiteur serait largué pour se déployer au-dessus des régions méridionales au moment du premier survol. La sonde serait relâchée quelques semaines avant le second survol de Titan sur la deuxième orbite.
Après les Ă©tudes globales du système de Saturne, la mission se placerait sur une orbite circulaire quasi polaire (85°) autour de Titan, Ă 1500 kilomètres d’altitude qui permettra les Ă©tudes suivantes :
Les instruments embarqués sur cette montgolfière permettront d’obtenir :
La sonde se déposerait sur une mer, flottera quelques jours, et réaliserait des analyses chimique et physique du liquide (qui inclut de nombreuses espèces organiques dissoutes). Durant la descente, la sonde fournirait le premier profil in situ de l’atmosphère de l’hémisphère Nord dans les conditions hivernales, ce qui devrait être fondamentalement différent du profil équatorial où Huygens descendit et où arriva le ballon.
Finalement, la coordination entre les éléments in situ et l’orbiteur (radio science) apporterait des contraintes sur la réponse tidale de Titan [2], la rigidité et l’épaisseur de sa croûte.
Instrument | Description | Contributions scientifiques |
---|---|---|
BIS | Spectromètre imageur sur la ballon (1–5.6 µm). | Cartographie pour déduire la composition de la troposphère et de la surface à 2.5 m de résolution |
VISTA-B | Système d’imagerie dans le visible avec deux caméras stereos (à large et petit angles) | Géomorphologie détaillée à 1 m de résolution |
ASI/MET | Instrument pour étudier la structure atmosphérique et la Météorologie | Enregistrer les caractéristiques de l’atmosphère et déterminer la vitesse du vent dans la troposphère au-dessus de la région équatoriale |
TEEP-B | Etude de l’environnement électrique | Mesures du champ électrique dans la troposphère (0-10 kHz) et déterminer le rapport avec la météo. |
TRS | > 150 MHz radar | Détection des réservoirs d’hydrocarbures, profondeur de la croûte de glace et voir les motifs géologiques à une résolution stratigraphique de 10 m |
TMCA | 1-600 Da spectromètre de masse | Analyse des aérosols et détermination des concentrations des gaz rares et du rapport éthane/méthane dans la troposphère |
MAG | Magnétomètre | Séparer les sources internes et externes du champ et déterminer si Titan a un champ magnétiques intrinsèque ou induit. |
MRST | Science Radio utilisant le système telecom du vaisseau | Suivi de la montgolfière |
Instrument | Description | Contributions scientifiques |
---|---|---|
TLCA | Analyseur chimique du liquide surfacique de Titan | Mesures des organiques complexes et des rapports isotopiques des gaz rares jusqu’à 10,000 Da. |
TiPI | Imageur avec lampe | Fournir des images du lac et des alentours |
ASI/MET-TEEP | Instrument pour étudier la structure atmosphérique et la Météorologie et des mesures électriques | Caractériser l’atmosphère pendant la descente et depuis le lac |
SPP | Propriétés de la surface | Caractériser les propriétés physiques du liquide, la profondeur du lac et le signal magnétique sur le site d’atterrissage. |
LRST | Science Radio utilisant le système telecom du vaisseau | Suivi de la sonde |
Le LESIA pourrait être impliqué dans 4 propositions de concepts d’instruments de cette mission :
a) Sur l’orbiteur :
b) Sur le ballon et les sondes :
Au bout d’un an d’études par la NASA et l’ESA, TSSM a été classé 2ème par ordre de priorité de lancement par les agences spatiales en février 2009. Ceci signifie que cette mission sera la prochaine large mission (type Flagship) vers le système solaire externe après l’envol de EJSM (Europa Jupiter System Mission), prévue en 2020. Le lancement de TSSM est donc prévu en 2025 pour une arrivée entre 7 et 9 ans plus tard dans le système de Saturne.
Un meeting international récent sur les résultats de la mission Cassini-Huygens et commémorant le 5ème anniversaire de la descente de Huygens dans Titan (voir ce que le LESIA a contribué sur les instruments tels que DISR), a mis en avant tout l’intérêt de cette future exploration de Titan par différents concepts (incluant tout ce qui est prévu dans TSSM, ainsi aussi un avion ou un lander indépendants…) et les résultats récents de l’étude Decadal Survey menée par la communauté scientifique placent Titan sur le plus haut niveau d’intérêt pour une mission future.
Coopération ESA-NASA, plus de 200 scientifiques et ingénieurs de par le monde sont impliqués dans la phase d’étude actuelle. Le CNES (division ballons) étudie actuellement, en étroite collaboration avec le JPL, la montgolfière. Cette mission implique près de 40 membres de plusieurs laboratoires Français. Le Lead European Scientist (A. Coustenis) est du LESIA. Deux membres du premier JSDT (Joint Science Definition Team) sont français (F. Raulin, G. Tobie).
Cassini-Huygens, ExoMars, EJSM + héritage CNES sur les ballons.
La mission TSSM, de par la nature complexe et unique de Titan, implique les communautés de géologie, météorologie, chimie, astrobiologie, planétologie comparée, géophysique, physique spatiale, hydrologie, … Comparée à Cassini, le retour scientifique de la mission TSSM est estimé à deux ou trois ordres de grandeur au-dessus (instrumentation plus performante et plus abondante, focalisation de la mission sur les objets les plus riches du système de Saturne). TSSM, qui resterait environ 20 mois en orbite basse autour de Titan, et réaliserait des explorations in situ sur cette période, et fournirait :
L’atmosphère dense et la faible gravitĂ© de Titan permettent le dĂ©ploiement d’élĂ©ments dĂ©diĂ©s aux Ă©tudes in situ en utilisant des parachutes. TSSM fournira donc de très nombreuses contraintes sur la nature des molĂ©cules organiques de la basse atmosphère et en surface, mais aussi donnera les premières contraintes sur la nature de l’intĂ©rieur et la structure superficielle. Lorsque TSSM arrivera puis naviguera dans le système de Saturne, la magnĂ©tosphère de Saturne et son impact sur Titan seront Ă©tudiĂ©s. De plus, il sera possible de passer au travers des plumes d’Encelade et d’Ă©tudier leurs caractĂ©ristiques.
1er ballon dans Titan ; 1er atterrissage dans un lac non-terrestre.
TSSM verra le dĂ©ploiement d’un ballon qui tournera autour de l’équateur et d’une sonde qui se posera sur un lac aux confins du système solaire, ce qui constitue de vĂ©ritables dĂ©fis technologiques. D’autres Ă©tudes technologiques sont aussi requises sur les points suivants :
Coordination entre l’ESA, la NASA, le JPL et le CNES.
[1] la vie n’est pas Ă l’origine de ces matĂ©riaux
[2] la réaction de Titan aux phénomènes de marée