Observatoire de Paris Institut national de recherche scientifique français Univerité Pierre et Marie Curie Université Paris Diderot - Paris 7

Hommage à Sang Hoang

lundi 28 février 2022

C’est avec une grande émotion que nous apprenons le décès de Sang Hoang, survenu le 23 février 2022 dans sa 88ème année.

Sang Hoang en 1990
Sang Hoang en 1990


Sang a passé son enfance et son adolescence à Hanoï, pendant la guerre d’Indochine. Pour éviter d’être enrôlé dans l’armée du régime de Saïgon, Sang arrive en France en août 1953. Il poursuit des études de mathématiques et physique à Toulouse puis à Paris. Sang a toujours eu des activités militantes et politiques, et suivait de très près ce qui se passait au Vietnam. Tout au long de sa vie, son cœur a toujours été tourné vers son pays de naissance.

En 1960, Sang obtient le diplôme d’ingénieur civil des télécommunications de Paris. Il travaille quelque temps chez IBM, où il s’ennuie. Il répond à une offre d’emploi faite par Jean-Louis Steinberg : Jean-Louis cherche à embaucher quelqu’un ayant des compétences en informatique.

C’est ainsi que Sang entre au CNRS en 1965, dans le Service de Radioastronomie Spatiale créé deux ans auparavant par Jean-Louis Steinberg. Il soutient en 1972 la première thèse scientifique de ce laboratoire, qui allait grossir et se diversifier pour devenir l’actuel LESIA. Les compétences de Sang dans les premiers systèmes d’information scientifique, les gestions de bases de données avec le CNES, et les précurseurs de système expert appliqués à la radioastronomie spatiale le propulsent à la tête de la coordination de toutes les opérations de dépouillement de missions internationales.


Sang Hoang au début des années 1970
Sang Hoang au début des années 1970

Crédit photo : Alain Kerdraon


Sang a joué un rôle majeur dans la préparation et l’exploitation des expériences spatiales en radioastronomie et physique des plasmas, depuis les premières fusées-sondes Rubis jusqu’aux satellites ISEE, Ulysse, Wind et STEREO. Il était notre "mémoire" de ces instruments, dont il connaissait toutes les subtilités. La grande rigueur et la fiabilité de son travail instrumental a joué un rôle essentiel pour tirer le meilleur parti des instruments réalisés par les équipes techniques du laboratoire. C’est cette qualité qui a permis de réaliser des progrès très notoires dans la connaissance des émissions radioélectriques et des ondes plasma dans le milieu interplanétaire et dans les magnétosphères de la terre et des planètes, avec en particulier le développement de la spectroscopie du bruit quasi-thermique dans lequel il a joué un rôle important. Son suivi minutieux de l’instrumentation spatiale, y compris pour les équipements de tests au sol, a contribué aux retombées déterminantes pour plusieurs autres missions (Cluster II, Solar Orbiter). Les bases de ces travaux ont permis le succès de toute une filière sur plus de 50 ans au DESPA/LESIA.


Sang Hoang en 1997
Sang Hoang en 1997

© LESIA/Observatoire de Paris-PSL


Sang a largement contribué à l’atmosphère chaleureuse qui régnait au sein des équipes, et il apportait un soutien particulier aux étudiants ; plusieurs thèses soutenues au laboratoire lui doivent beaucoup. Il était connu et apprécié de tous pour ses exceptionnelles qualités humaines. Nous nous souviendrons toujours de sa gentillesse, sa générosité, son dévouement et sa bonne humeur.

Nous perdons une personnalité rare d’une grande modestie, un ancien collègue exceptionnel, ainsi qu’un ami très cher. Toutes nos pensées vont aujourd’hui à son épouse Joëlle, à ses enfants Nathalie et Thierry et petits-enfants, ainsi qu’à toute sa famille au Vietnam.

Un dernier hommage lui sera rendu le jeudi 3 mars à 16 h 45 au Crématorium de Clamart (104, rue de la Porte de Trivaux, Clamart 92).

Ni fleurs ni couronnes.
Des dons peuvent être adressés à des associations comme Vietnam-Dioxine pour les victimes de l’agent orange (https://opencollective.com/collectif-vietnam-dioxine) ou à l’Institut Pasteur (https://www.pasteur.fr/fr)


Hommage rédigé par Nicole Meyer-Vernet, Jean-Louis Bougeret, Catherine Lacombe et Karine Issautier.