Institut national de recherche scientifique français Univerité Pierre et Marie Curie Université Paris Diderot - Paris 7

Du DESPA au LESIA

lundi 21 juillet 2014, par Thérèse Encrenaz

2002 : Naissance du LESIA

Le Laboratoire d’Etudes Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique (LESIA) est nĂ© officiellement au dĂ©but du nouveau millĂ©naire, exactement le 1er janvier 2002. Sa naissance est le fruit d’une restructuration gĂ©nĂ©rale des laboratoires de recherche de l’Observatoire de Paris qui fait passer leur nombre de huit Ă  cinq.

InstallĂ© au dĂ©part sur huit bâtiments du campus de Meudon, le LESIA est le plus gros laboratoire de l’Observatoire. Il rĂ©sulte principalement de la fusion de deux anciens laboratoires, le DĂ©partement de Recherche Spatiale (DESPA) et le DĂ©partement de Physique Solaire (DASOP). Il a aussi bĂ©nĂ©ficiĂ© de la venue de l’Ă©quipe de planĂ©tologie du DĂ©partement de Radioastronomie (ARPEGES), ainsi que d’une Ă©quipe de physique stellaire du DĂ©partement d’Astronomie Stellaire et Galactique (DASGAL).

L’effectif total du LESIA, au moment de sa formation, est d’environ 200 personnes, dont environ 130 permanents et une trentaine d’Ă©tudiants en thèse ; cela en fait le plus gros laboratoire de la discipline. Il est dirigĂ© par Jean-Louis Bougeret, assistĂ© de deux directeurs-adjoints, Antonella Barucci et Didier Tiphène. Jacqueline Thouvay continue d’assurer la gestion administrative du laboratoire, comme elle l’a fait au sein du DESPA depuis plusieurs dĂ©cennies.

La dernière décennie du DESPA

En janvier 1991, Michel Combes, alors directeur du DESPA, devient PrĂ©sident de l’Observatoire de Paris ; il succède Ă  Pierre Charvin, dĂ©cĂ©dĂ© prĂ©maturĂ©ment l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. En janvier 1992, ThĂ©rèse Encrenaz lui succède Ă  la direction du DESPA ; Daniel Hubert reste directeur-adjoint et Jacqueline Thouvay responsable de l’administration. En 1995, le laboratoire regroupe environ 130 personnes dont une centaine de permanents. Il regroupe trois grandes composantes : Physique des Plasmas, PlanĂ©tologie et Astronomie infrarouge et stellaire.

Pour chaque composante, la décennie 1992-2002 est marquée par des moments de grande joie mais aussi par des heures sombres.

Pour l’Ă©quipe de physique des plasmas, l’un de ces moments heureux est, en novembre 1994, le tir rĂ©ussi du vaisseau spatial WIND de la NASA, destinĂ© Ă  l’Ă©tude du vent solaire ; il embarque l’instrument WAVES dont des sous-systèmes ont Ă©tĂ© livrĂ©s par le laboratoire.

Les planĂ©tologues, quant Ă  eux, ont tirĂ© un fort retour scientifique de la campagne d’observation de la collision de la comète Shoemaker-Levy 9 avec Jupiter en juillet 1994. En octobre 1997, ils cĂ©lèbrent le lancement rĂ©ussi de la mission Cassini-Huygens, sous responsabilitĂ© ESA-NASA, partie pour explorer le système de Saturne Ă  l’horizon 2005 ; le laboratoire est impliquĂ© sur une demi-douzaine d’instruments de l’orbiter et de la sonde qui doit se poser sur le sol de Titan.

Enfin, les astronomes se rĂ©jouissent du succès des premières expĂ©riences d’optique d’adaptative COME-ON, puis COME-ON+ et ADONIS (voir l’historique de l’Optique Adaptative au LESIA).

octobre 1997 : lancement de Cassini-Huygens Ă  Cap Canaveral
octobre 1997 : lancement de Cassini-Huygens Ă  Cap Canaveral

Prototype COME-ON en laboratoire
Prototype COME-ON en laboratoire


En novembre 1995 a lieu le lancement du satellite europĂ©en Infrared Space Observatory (ISO) pour lequel le laboratoire a fourni une partie de la camĂ©ra ISOCAM ; son exploitation scientifique jusqu’Ă  la fin de son opĂ©ration en avril 1998, puis au-delĂ , sera spectaculaire tant pour les astronomes que pour les planĂ©tologues.

Image d'artiste du satellite ISO
Image d’artiste du satellite ISO

Crédit ESA

Juillet 1999
Juillet 1999

Jacqueline Thouvay, Bob Manning, Michel Combes et Daniel Hubert


Les heures sombres, ce sont celles de l’annĂ©e 1996 qui voit d’abord, le 3 juin, l’explosion au dĂ©collage de la première fusĂ©e Ariane 5 et la chute dans la mangrove de Guyane des quatre rĂ©cepteurs construits par les plasmiciens du laboratoire pour la mission Cluster... Puis, en novembre 1996, la sonde russe Mars-96 est perdue peu après le dĂ©collage et s’enfonce dans le Pacifique. Nouveau coup dur pour le DESPA : cette fois les deux autres composantes du laboratoire sont touchĂ©es. Les planĂ©tologues perdent le spectro-imageur infrarouge OMEGA destinĂ© Ă  l’Ă©tude de Mars ; les astronomes perdent l’instrument de croisière EVRIS destinĂ© Ă  mesurer les oscillations stellaires !

Pour faire face Ă  une situation si tragique, un grand pot est organisĂ©, au cours duquel est annoncĂ© le vĹ“u de reconstruire et relancer chacune des trois expĂ©riences perdues. Bien sĂ»r, la dĂ©cision n’appartient pas au laboratoire, et tous les partenaires (CNES, ESA...) s’y mettront. Il est rĂ©confortant de voir que dix and plus tard, les trois expĂ©riences fonctionnent avec succès : Cluster, relancĂ© par l’ESA en 2001 ; OMEGA, Ă  bord de Mars Express, lancĂ© par l’ESA en 2003 ; enfin CoRoT, successeur d’EVRIS, lancĂ© par le CNES en 2006.

CoRoT quelques instants avant son lancement par la fusĂ©e Soyuz II-1b sur le (...)
CoRoT quelques instants avant son lancement par la fusée Soyuz II-1b sur le pas de tir du cosmodrome de Baïkonour

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© Starsem, Ariane espace

Entretemps, le laboratoire a accueilli de nouvelles Ă©quipes, en particulier l’Ă©quipe de planĂ©tologie du CEA autour de B. Sicardy puis M. Fulchignoni, et l’Ă©quipe de physique stellaire autour de A. Baglin qui dĂ©veloppera l’instrument EVRIS puis la mission CoRoT.

Devant le nombre Ă©levĂ© de laboratoires Ă  l’Observatoire, ainsi que leur dĂ©sĂ©quilibre en taille, la direction de l’Observatoire, en la personne de Pierre Couturier, dĂ©cide de leur restructuration en un nombre plus restreint d’unitĂ©s. C’est Fabienne Casoli, vice-prĂ©sidente du Conseil scientifique, qui coordonne l’opĂ©ration ; celle-ci prendra de nombreux mois d’Ă©changes et de discussions.

Le nouveau LESIA

Le groupement des laboratoires et des Ă©quipes autour du LESIA se fait d’abord sur une base de logique scientifique. Le LESIA s’affiche comme un laboratoire instrumental, orientĂ© d’abord vers la recherche spatiale mais aussi vers les dĂ©veloppements instrumentaux de pointe pour l’astronomie au sol. Il inclut aussi une très forte composante d’observateurs et de modĂ©lisateurs utilisant des donnĂ©es sol et espace, ainsi que des Ă©quipes plus ponctuelles de physique thĂ©orique. Trois rapprochements ne tardent pas Ă  s’imposer.

Le premier concerne le DĂ©partement de Physique Solaire (DASOP). Les travaux de ses chercheurs, axĂ©s notamment sur le champ magnĂ©tique solaire et les Ă©jections de masse coronale, prĂ©sentent des points de rencontre avec ceux de la composante Physique des plasmas du DESPA. De plus, le DASOP s’est investi depuis une dizaine d’annĂ©es dans le dĂ©veloppement de l’instrument DPSM (Double Passage Soustractif Multicanal), destinĂ© au tĂ©lescope solaire THEMIS qui doit entrer en service au dĂ©but des annĂ©es 2000. Les activitĂ©s d’instrumentation sol du DASOP s’inscrivent ainsi dans l’un des axes prioritaires du LESIA.

Le second rapprochement concerne l’Ă©quipe de planĂ©tologie du laboratoire ARPEGES, autour de J. Crovisier et D. BockelĂ©e-Morvan. Leurs collaborations avec les planĂ©tologues du DESPA sont anciennes, puisqu’elles remontent Ă  l’exploration de la comète de Halley en 1986 ; elles ont connu un très fort dĂ©veloppement avec l’exploitation des donnĂ©es comĂ©taires du satellite ISO. Le rapprochement officiel ne fait qu’entĂ©riner une collaboration existante, et aura l’avantage de permettre le regroupement des Ă©quipes au sein d’un nouveau bâtiment, la nouvelle aile du bâtiment ISO (17), construit au dĂ©but des annĂ©es 2000.

Enfin, la composante de physique stellaire du DESPA se renforce avec l’arrivĂ©e d’une Ă©quipe issue du DASGAL, autour de M. Auvergne et E. Michel, dont le soutien sera prĂ©cieux pour le dĂ©veloppement de la mission CoRoT. D’autres chercheurs de physique stellaire les rejoindront un peu plus tard : le LESIA est nĂ©.


Les quatre pĂ´les scientifiques du LESIA en 2002
Les quatre pĂ´les scientifiques du LESIA en 2002

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