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Les Astronomes Amateurs et les Comètes

La collaboration entre les astronomes amateurs et les astronomes professionnels pour l'étude des comètes est exemplaire. La différence entre astronomes amateurs et professionnels est parfois difficile à apprécier. Un professionnel serait un astronome dont les activités astronomiques sont officiellement financées et constituent la source principale de ses revenus.

Des télescopes commerciaux de plus en plus gros et de plus en plus sophistiqués, bien adaptés aux observations cométaires, sont maintenant proposés aux amateurs pour des budgets raisonables. L'imagerie CCD, avec ses caméras et ses logiciels, s'est maintenant démocratisée avec l'essor des appareils photo numériques, donnant accès à des comètes de faible magnitude à des amateurs excercés.

  • La découverte de nouvelles comètes

    La recherche de nouvelles comètes a été de tout temps le sport favori d'une classe particulière d'amateurs, les «chasseurs de comètes». Ainsi les belles comètes récentes C/1996 B2 (Hyakutake), C/1996 B2 (Hyakutake), 153P/2002 C1 (Ikeya-Zhang) ont été découvertes par des amateurs. Mais le gibier est rare. Prix et médailles ont été institués pour récompenser les chasseurs chanceux ou efficaces (comme actuellement le prix Edgar Wilson). Mais la récompense la plus prisée est sans doute l'association à toute nouvelle comète du nom de son découvreur (ou des deux premiers découvreurs) (voir Les Noms des Comètes).

    La découverte de nouvelles comètes est maintenant écumée par les robots chercheurs d'astéroïdes tels que LINEAR, NEAT, LONEOS... Ces robots sont des télescopes de taille moyenne équipés de caméras CCD à grand champ, qui explorent systématiquement le ciel. Leur but est d'inventorier les astéroïdes géocroiseurs (ceux dont l'orbite croise celle de la Terre et qui sont susceptibles d'être un danger pour notre planète). Parmi le grand nombre d'objets détectés se glissent quelques comètes. Ainsi, en 2003, sur 190 comètes découvertes, il y a eu 146 comètes SOHO, 27 comètes LINEAR, 11 comètes NEAT, 2 comètes LONEOS (parmi elles, 2 LINEAR-NEAT). Les amateurs ont seulement découvert deux comètes en 2006 et trois en 2007. En 1990-1995, ils en découvraient bon an mal an 4,5 en moyenne. (Voir le Catalogue des découvertes cométaires de Maik Meyer.) De rares régions échappent encore à ces robots qui sont d'une redoutable efficacité : l'hémisphère sud, moins bien couvert, le plan galactique... Mais l'avenir est sombre pour les chasseurs de comètes.

    Parmi les amateurs chasseurs de comètes contemporains les plus productifs, citons William Bradfield (Australie, 18 comètes), Donald Machholz (EUA, 10 comètes). 22 comètes portent le nom de l'amateur David Levy, mais la plupart furent découvertes en association avec les professionnels Carolyn et Eugene Shoemaker. Parmi les professionels, il y a le couple Shoemaker (EUA, 32 comètes), Jean Mueller (EUA, 15 comètes), Robert McNaught (Australie, 40 comètes),

    Un cas particulier est la recherche des «sungrazing comets» avec SOHO. (Voir Les Comètes qui rasent le Soleil.) C'est un sport en chambre qui évite les longues stations dans les nuits froides. Il se pratique sur les images des coronographes LASCO de SOHO, qui sont diffusées presque en temps réel sur internet. Plus de 1400 «sungrazing comets» ont été découvertes de cette sorte. Elles portent toutes le nom SOHO, mais leurs découvreurs sont mentionnés dans la circulaire de l'UAI annonçant leur découverte (par exemple, la Circulaire IAU No 8365). Ces comètes sont pour la plupart de très petits corps (seulement quelques mètres), qui ne sont détectables que parce qu'ils passent très près du Soleil. Elles ne sont bien souvent observables que par SOHO et ne survivent pas à ce passage.

  • Le suivi de l'évolution de la brillance des comètes

    Les amateurs jouent un rôle privilégié dans le suivi de la brillance des comètes. De telles observations ne demandent pas de gros instruments, mais méthode et disponibilité. Les astronomes professionnels n'ont tout simplement pas le temps d'entreprendre ces observations systématiques. La magnitude visuelle totale se mesure par comparaison avec des étoiles de référence suivant un protocole maintenant bien rodé.

    L'usage maintenant répandu de la photométrie CCD permet d'accéder à des comètes plus faibles et de réduire la dispersion des mesures. La standardisation des procédures de dépouillement et le racordement avec les mesures visuelles restent encore à faire.

    Une importante base de données des magnitudes cométaires s'est ainsi constituée au fil des ans. Pour de nombreuses comètes, ce sont souvent les seules informations que l'on a sur elles a part leurs orbites. L'International Comet Quarterly maintient une compilation officielle des mesures de magnitudes des amateurs. De nombreux sites internets, dûs à des réseaux nationaux, des associations ou des entreprises individuelles, répercutent, parfois très rapidement, les observations des amateurs. Citons ceux de Charles S. Morris, de la Commission des comètes de la Société astronomique de France, de la Comet Section of the BAA (British Astronomical Association). Le site de Seiichi Yoshida présente une compilation de courbes de lumière de comètes, pratiquement mise à jour en temps réel...

    Un exemple récent de l'utilité et de l'efficacité du suivi des comètes par les amateurs a été le grand sursaut de la comète 17P/Holmes le 24 octobre 2007. Ce sont les amateurs qui ont donné l'alerte, permettant aux professionnels de déclencher au plus tôt leurs observations.

  • Organisation des amateurs

    Les amateurs sont organisés en clubs et en réseaux, grâce à internet. Ils s'échangent ainsi des informations sur la découverte des comètes, éphémérides, évolution d'activité, méthodes d'observation et savoir faire. Des forums de discussion existent en français et en anglais. Des relations étroites sont nouées entre astronomes amateurs et professionnels, concrétisées par des réunions telles que l' International Workshop on Cometary Astronomy III qui a eu lieu à l'observatoire de Paris-Meudon en juin 2004 (voir le rapport de Jean-Pierre Martin).

    Mise à jour le 8 avril 2008.

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