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Voyage au centre de la Terre
Solution des exercices

Soleil de minuit sur le Snæfellsjökull

Déterminons l'azimuth du Soleil sur la gravure. On peut essayer de le faire par rapport à la ligne de crête des montagnes à l'est du Snæfellsjökull. Mais il s'avère difficile d'identifier les sommets de la gravure à ceux des cartes. De plus, cette ligne de crête correspond mal avec celle de la photo actuelle. Une autre méthode consiste à déterminer l'échelle angulaire de la gravure. On peut se baser sur l'élévation du Snæfellsjökull sur l'horizon. Une altitude de 1440 m à 120 km de distance, cela correspond à 0,69°. Mais l'affaire est plus complexe, car il faut tenir compte de la courbure de la Terre qui nous cache la base de la montagne, et de la réfraction, qui a l'effet inverse. On mesure alors que le Soleil est à 7° à l'est du Snæfellsjökull. L'azimuth du Snæfellsjökull vu de Reykjavik étant de 49° W (à partir du Nord, mesuré sur la carte ou calculé à partir des coordonnées de ces deux lieux), celui du Soleil est de 42°.

Ceci nous situe environ 2h45m avant minuit !

Il est aussi possible d'utiliser un logiciel du genre planétarium (comme Stellarium ou SkyGazer) qui nous montre la course du Soleil en un lieu et pour une date quelconques.

Cette analyse a ses limites. Il a probablement fallu un certain temps pour que Mayer réalise son dessin. Il a dû le finaliser installé bien au chaud dans sa cabine à partir de croquis préparatoires. L'exactitude a pu en souffrir.

Une lecture attentive des annales du Voyage en Islande et au Groënland permettra peut-être de préciser à quelle date A. Mayer a effectué son dessin. Le journal d'Eugène Mequet indique que la corvette La Recherche a fait escale à Reykjavik du 12 au 13 mai à l'aller et du 24 au 31 août 1835 au retour lors de son premier voyage, puis du 29 mai au 3 juin à l'aller et du 20 août au 2 septembre au retour à son second voyage.

La bonne étoile d'Axel

Il convient de tenir compte de la précession. En 150 ans, les positions des étoiles ont changé d'environ 1°. Et par exemple, l'étoile α Dra dont il sera question plus loin était, du temps de l'antiquité égyptienne (vers 2600 avant JC), l'étoile polaire !

Tout peut encore se retrouver avec un logiciel du genre planétarium, mais j'ai plutôt choisi d'utiliser, pour rester d'époque, le catalogue d'étoiles de Camille Flammarion de son ouvrage Les Étoiles et les curiosités du ciel (supplément de l'Astronomie populaire) de 1882 et la Connaissance des temps de 1863.

Parmi les étoiles plus brillantes que la magnitude 4, on n'en relève que trois qui auraient pu traverser le champ de vue d'Axel : α (alpha) et ζ (zêta) de la constellation du Dragon et ι (iota) de la constellation de Céphée..

ι Cep culminait en plein jour et est à éliminer. ζ Dra devait passer en passage supérieur vers 22h44m local, mais au bord du champ de vue d'Axel. α Dra vers 19h37m, en plein dans le champ, mais trop tôt. (À vérifier avec Stellarium ou SkyGazer.)

Quelle était donc la bonne étoile d'Axel ? ζ Dra est un candidat possible si l'on accepte que le champ de vue d'Axel n'était pas aussi régulier que ce que nous avions supposé, ou que le puit s'écartait un peu de la verticale.

Valeurs numériques : coordonnées géographiques et célestes.

[Les longitudes sont celles de Greenwich, les coordonnées des étoiles sont celles de 1863.]

Snæfellsjökull : 64° 48' 00" N, 23° 46' 48" W, altitude 1446 m.
Reykjavik : 64° 08' 40" N, 21° 55' 00" W, soit 1h 37m de décalage avec Paris
Ces positions mettent le volcan à une distance de 122 km de Reykjavik et à un azimuth de 49,9° W.

Cercle polaire arctique : latitude 66° 33' 45"

β UMi 74° 39' N, 14h51m, mag. 2,2
α Dra 64° 57' N, 14h01m, mag. 3,3
ζ Dra 65° 52' N, 17h08m, mag. 3,1
ι Cep 65° 28' N, mag. 3.5

Le 28 juin 1863 : il est 6h24m en temps sidéral à midi à Paris

© 2015-2016 Jacques Crovisier

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