Institut national de recherche scientifique français Univerité Pierre et Marie Curie Université Paris Diderot - Paris 7

GRAVITY

General Relativity Analysis via Vlt InTerferometrY

mercredi 13 janvier 2016, par Guy Perrin, Thibaut Paumard

Un trou noir supermassif, surnommé Sagittarius A* ou Sgr A*, occupe le cœur de la Voie Lactée, notre galaxie. Il semble que cela soit le cas de la majorité des galaxies. Les trous noirs sont des objets très compacts. De tous les trous noirs connus, Sgr A* est celui qui apparait comme le plus étendu angulairement du fait du compromis avantageux entre sa taille intrinsèque et sa distance à la Terre. Cependant cette taille est encore trop petite pour permettre des études détaillées avec les instruments existants. C’est pourquoi le consortium GRAVITY s’est formé, avec l’objectif de concevoir un instrument de nouvelle génération capable de sonder l’espace–temps jusqu’à la frontière du trou noir.

Objectifs scientifiques de GRAVITY

Les spĂ©cifications de GRAVITY rĂ©pondent en premier lieu au besoin d’étude d’orbites de sources très proches de Sgr A*, le trou noir supermassif au centre de la Galaxie. Cependant, GRAVITY permettra Ă©galement des avancĂ©es spectaculaires dans de nombreux domaines de l’astrophysique moderne, par exemple :

  • noyaux actifs de galaxies ;
  • disque et jets autour d’Ă©toiles en formation ou au sein de microquasars ;
  • trous noirs de masse intermĂ©diaire au cĹ“ur des amas globulaires ;
  • planètes extrasolaires.

Pour en savoir plus sur les objectifs scientifiques de GRAVITY...

Un Instrument de deuxième génération du VLTI

Le Very Large Telescope (VLT) est un ensemble de quatre “grands” tĂ©lescopes dont le miroir principal fait 8,2 m de diamètre (les Unit Telescopes, UT) et de quatre “petits” tĂ©lescopes de 1,8 m de diamètre (les Auxiliary Telescopes, AT). Il est opĂ©rĂ© par l’Observatoire europĂ©en austral (European Southern Observatory, ESO). Chacun des UT est utilisĂ© comme un tĂ©lescope indĂ©pendant, pourvu chacun de trois instruments propres. Mais il est Ă©galement possible de combiner la lumière en provenance de plusieurs des tĂ©lescopes d’une façon cohĂ©rente afin d’obtenir une rĂ©solution spatiale Ă©quivalente Ă  celle qu’aurait un tĂ©lescope unique pourvu d’un miroir primaire gigantesque, dont le diamètre est donnĂ© par la distance sĂ©parant les tĂ©lescopes individuels : jusqu’à 134 m pour les UT, 200 m pour les AT. Cette technique se nomme l’interfĂ©romĂ©trie. Ainsi utilisĂ©, l’observatoire du VLT est appelĂ© VLTI, pour VLT Interferometer.

Le VLTI dispose actuellement d’une instrumentation de première gĂ©nĂ©ration capable de combiner la lumière provenant de deux ou de trois de ses tĂ©lescopes simultanĂ©ment. GRAVITY, instrument de deuxième gĂ©nĂ©ration, sera le premier Ă  permettre l’observation de sources bien plus faibles que permis par la gĂ©nĂ©ration actuelle d’interfĂ©romètres.

Pour en savoir plus sur le VLT et le VLTI : WikipĂ©dia, ESO

Un Instrument complexe

Afin d’accĂ©der Ă  la limite thĂ©orique en termes de rĂ©solution, de prĂ©cision astromĂ©trique, et de sensibilitĂ©, les chercheurs et ingĂ©nieurs qui conçoivent GRAVITY ont dĂ» Ă©laborer un ensemble complexe de sous-systèmes de haute technologie :

  • un système d’optique adaptative ;
  • un suiveur de franges ;
  • un spectromètre ;
  • une mĂ©trologie pour l’astromĂ©trie de prĂ©cision.

Pour en savoir plus sur le design de GRAVITY...

Un Consortium international

L’idĂ©e de GRAVITY est nĂ©e de la collaboration de longue date entre le LESIA et l’Institut Max Planck pour la physique extraterrestre (MPE, Garching, Allemagne). Celui-ci a pris la direction du consortium, qui se compose Ă©galement de deux autres instituts allemands (l’Institut Max Planck pour l’astronomie d’Heidelberg, MPIA, et l’UniversitĂ© de Cologne, UoC), d’un laboratoire français (l’Institut de PlanĂ©tologie et d’Astrophysique de Grenoble, l’IPAG), du DĂ©partement d’Optique ThĂ©orique et AppliquĂ©e de l’ONERA (DOTA) et d’un laboratoire portugais (le laboratoire Systèmes, Instrumentation et ModĂ©lisation de Lisbonne et Porto, SIM).

Le LESIA et le DOTA agissent dans le cadre du groupement d’intérêt scientifique (GIS) intitulé Partenariat haute résolution angulaire sol–espace (PHASE) qui regroupe l’ONERA, l’Observatoire de Paris, le CNRS et l’Université Paris 7 – Denis Diderot.

L’Implication du LESIA

PHASE (et par voie de consĂ©quence le LESIA) est chargĂ© de plusieurs tâches concernant plusieurs sous-systèmes importants de l’ensemble :

  • Ă©tude des cas scientifiques pour la dĂ©finition des spĂ©cifications et des modes d’observation ;
  • suiveur de franges : dimensionnement, conception, simulation des performances, logiciel temps rĂ©el et intĂ©gration ;
  • optique adaptative : Ă©tude système et simulations, logiciel temps rĂ©el ;
  • fonctions fibrĂ©es (lignes Ă  retard diffĂ©rentielles et rotateurs de polarisation) ;
  • logiciel de rĂ©duction des donnĂ©es ;
  • participation Ă  l’étude système gĂ©nĂ©rale de l’instrument ;
  • performances astromĂ©triques.

Une telle charge de travail nĂ©cessite l’implication de nombreux personnels du LESIA (liste complète). Plus de 20 membres du LESIA travaillent sur ce projet.

GRAVITY a passĂ© avec succès la revue finale de concept pour le recombinateur Ă  la fin de 2011 et est entrĂ© en phase de rĂ©alisation dĂ©but 2012. Celle-ci s’est poursuivie jusqu’à l’intĂ©gration complète de l’instrument Ă  Garching en 2015 et la revue d’acceptance en Europe en juin 2015. La première lumière de GRAVITY au VLT s’est dĂ©roulĂ©e dĂ©but 2016 avec les quatre tĂ©lescopes auxiliaires du VLTI. La première lumière avec les tĂ©lescopes de 8m du VLTI est prĂ©vue courant 2016. GRAVITY aura alors coutĂ© 7 millions d’euros hors coĂ»ts salariaux et nĂ©cessitĂ© une puissance de travail Ă©quivalente Ă  163 personnes occupĂ©es Ă  temps plein pendant une annĂ©e.